En ce début d’année 2025, La Réunion fait face à une sécheresse historique, la pire depuis plus de 50 ans. C’est l’Est de l’île, habituellement la région la plus arrosée, qui est la plus durement touchée. Dans le cirque de Salazie, seulement 6 mm de précipitations ont été relevés en décembre, contre une normale mensuelle de 281 mm. Des milliers d’habitants subissent des coupures quotidiennes depuis plusieurs semaines. Le système de basculement des eaux, qui transfère l’eau de l’Est vers l’Ouest, plus touristique et densément peuplé, alimente les discussions. Particuliers, agriculteurs et maraîchers subissent les conséquences du manque d’eau, tandis que la crise relance le débat sur la gestion de cette ressource et l’adaptation de l’île au changement climatique.

Manu, 19 ans, habite Saint-André. Dans ce logement social, son quotidien et celui de sa famille sont devenus très durs en raison de coupures d'eau quotidienne. 

Manu remplit tous les contenants à sa disposition : 10 bouteilles précisément, en plus des deux seaux. Avant un entretien pour un poste d’apprenti boulanger, Manu s’est vu contrainte d’emprunter de l’eau à sa voisine pour faire sa lessive et se doucher.

Jean est retraité du secteur de la construction. Pour arrondir ses fins de mois, il vend des jus de canne à sucre à Saint- André. Les coupures d’eau ne l’effraient pas : « les anciens savaient se débrouiller sans eau courante, pourquoi pas nous » explique-t-il.

Portrait de Jean, dans son échoppe de jus de canne à sucre de Saint-André. Pour les besoins de son échoppe, il stocke de l’eau dans des bidons de 5 litres.

Situé au nord-est de la Réunion, le cirque de Salazie est connu pour ses précipitations abondantes. Il en résulte une végétation luxuriante. Mais cette année, la sécheresse n’a pas épargné le cirque : 6 mm de précipitations ont été relevé en décembre, contre une normale mensuelle à 281 mm.

Le captage de la rivière Fleurs Jaunes dans le cirque de Salazie, qui permet de transférer de l’eau vers l’ouest aride de la Réunion. Le captage est souvent pointé du doigt par les habitants de l'est : "il alimente les piscines de l'ouest" soulignent certains habitants. 

Principale activité économique du Cirque de Salazie, l’agriculture est fortement impactée par la sécheresse. Ici, une plantation de chouchou brûle sous l’effet de la chaleur et du manque d’eau.

René-Jean est éleveur de vache dans le cirque de Salazie. La sécheresse l’a poussé à investir dans une cuve de 4000 litres en janvier. Le réservoir couvre 3 jours des besoins de son troupeau.

L’exploitation de Matthias Ramsamy, agriculteur et apiculteur dans le cirque de Salazie, est durement impactée par les coupures d’eau quotidiennes. « Pépé ne connaissait pas la sécheresse, maintenant c’est une fois par an » confie t-il. Ici, il constate une floraison de son oranger provoquée par le stress hydrique. Cette floraison hors-saison ne permettra pas de produire des fruits à maturité.

Matthias expérimente la culture du pitaya, un cactus nécessitant un sol sec et une forte exposition au soleil. « Je n’aurais jamais pensé que le pitaya pousserait à Salazie » avoue t-il, lui qui cherche à adapter ses cultures au changement climatique.

Matthias, agriculteur et apiculteur dans le cirque de Salazie, examine ses ruches. La végétation souffrant du manque d’eau, les abeilles manquent de fleurs pour produire du miel.

Thierry est vendeur ambulant dans le cirque de Salazie. Il survit en vendant des produits locaux aux touristes, comme du miel ou des bananes. « Les cascades n’ont jamais étaient aussi sèches » déplore-t-il. Chez lui, c’est sa baignoire qui lui sert à stocker l’eau pour pallier les coupures.